BRASÍLIA, 30 mai — Le Brésil a rappelé son ambassadeur en Israël, a déclaré hier à l’AFP une source diplomatique, attisant les tensions entre les deux pays à propos de la guerre menée par Israël à Gaza.
Le conflit qui dure depuis près de huit mois a détérioré les relations diplomatiques d’Israël avec plusieurs pays, dont le Brésil, dont le président Luiz Inacio Lula da Silva a accusé en février le gouvernement du pays de génocide.
Israël a réagi avec fureur, déclarant le dirigeant brésilien persona non grata.
Israël avait précédemment convoqué l’ambassadeur sud-américain Frederico Meyer à une réunion au centre mémorial de l’Holocauste Yad Vashem à Jérusalem, où il a été publiquement réprimandé en hébreu sans la présence d’un traducteur, a indiqué la source brésilienne.
Publicité
Cette « humiliation » à laquelle Meyer a été soumis a contribué à son rappel définitif, a indiqué la source.
La source a déclaré que les conditions n’étaient pas réunies pour que Meyer retourne en Israël et qu’il n’y avait pas de projet immédiat pour le remplacer.
Lula a nommé Meyer comme représentant du Brésil à la Conférence du désarmement aux Nations Unies à Genève, selon le Journal officiel de mercredi.
Publicité
Le Brésil sera désormais représenté en Israël par le diplomate Fabio Farias.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué qu’il n’avait pas encore reçu « de notification officielle à ce sujet ».
Farias “sera convoqué demain au ministère des Affaires étrangères pour une réunion sur le sujet”, a indiqué le ministère.
Tollé croissant
Lula, une voix éminente des pays du Sud dont le pays occupe actuellement la présidence tournante du G20, a été confronté à des réactions négatives de la part de l’extrême droite dans son pays à cause de ses commentaires.
Il a cependant reçu du soutien ailleurs en Amérique latine, notamment de la part du président colombien Gustavo Petro, qui est allé jusqu’à rompre les liens avec Israël.
Le Brésil et la Colombie ont soutenu la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice de La Haye, alléguant que l’attaque de Gaza constituait une violation de la Convention sur le génocide.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre, qui a fait 1.189 morts, pour la plupart des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens.
Le Hamas a également pris 252 otages, dont 121 restent à Gaza, dont 37 sont morts selon l’armée.
L’offensive de représailles israélienne a tué au moins 36 171 personnes à Gaza, pour la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du territoire.
Vendredi, Lula a exprimé son « immense tristesse » après que l’armée israélienne a annoncé avoir récupéré les corps de trois otages, dont celui d’un citoyen israélo-brésilien, Michel Nisenbaum.
Il a ajouté qu’il était « engagé dans les efforts visant à libérer tous les otages et à parvenir à un cessez-le-feu et à la paix pour les peuples d’Israël et de Palestine ». -AFP