Explication : La loi Volkswagen et son rôle dans le conflit du travail du constructeur automobile allemand


FRANCFORT, 4 septembre — Le projet de Volkswagen de fermer des usines en Allemagne et de dissoudre des accords de travail de longue date avec les syndicats a mis en lumière sa structure de gouvernance et de propriété unique, qui suscite depuis des années les critiques des investisseurs.

Comme d’autres conglomérats allemands, le constructeur automobile de 87 ans est le résultat de décennies d’expansion et de changements de stratégie, qui ont donné naissance à un empire qui s’étend des SEAT grand public aux Lamborghini de luxe, ainsi qu’à des participations dans le constructeur de voitures de sport Porsche AG et dans l’entreprise de camions Traton.

Qu’est-ce que la loi Volkswagen ?

La forte influence des travailleurs remonte aux débuts de Volkswagen avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les nazis ont construit l’usine principale de Volkswagen à Wolfsburg avec de l’argent provenant en partie des actifs expropriés des syndicats.

Ce système, ainsi que le recours au travail forcé, constituaient la base financière de l’entreprise. Après la guerre, les Britanniques, alors responsables de l’usine, décidèrent de confier la gestion de l’entreprise à l’État.

À ce jour, le Land de Basse-Saxe, où Volkswagen est basé et où opèrent cinq de ses six usines d’assemblage en Allemagne de l’Ouest, détient une participation de 20 pour cent dans le capital du groupe.

En 1960, lorsque l’entreprise fut transformée en société par actions, la loi dite Volkswagen fut adoptée, conférant une influence significative à la Basse-Saxe et aux travailleurs afin de protéger l’entreprise des influences extérieures.

Qu’est-ce que ça dit ?

Il y a deux clauses critiques.

Les décisions qui nécessitent normalement une majorité d’au moins trois quarts lors de l’assemblée générale annuelle doivent être adoptées par plus des quatre cinquièmes des actionnaires de Volkswagen, ce qui donne à la Basse-Saxe une minorité de blocage.

Toute décision de construire ou de déplacer une usine de production doit également être approuvée par une majorité des deux tiers des 20 membres du conseil de surveillance, précise la loi, sans mentionner spécifiquement les fermetures.

Cela signifie que les dix membres du conseil d’administration représentant les travailleurs allemands peuvent opposer leur veto à tout projet de grande envergure affectant les usines.

Quelle est la structure de propriété de Volkswagen ?

C’est compliqué, principalement parce qu’il existe deux catégories différentes d’actions Volkswagen : les actions privilégiées, cotées dans l’indice de référence allemand DAX, et les actions ordinaires, assorties de droits de vote.

La majeure partie des capitaux propres du groupe, couvrant les deux catégories d’actions, est détenue par Porsche SE, le véhicule d’investissement des familles Porsche et Piech, qui détient une participation de 31,9 % dans le premier constructeur automobile européen.

L’État allemand de Basse-Saxe détient 11,8 % du capital, tandis que le Qatar en détient 10 %.

En ce qui concerne les droits de vote, la situation est différente : avec 53,3 % des droits de vote, Porsche SE contrôle en réalité Volkswagen. La Basse-Saxe détient 20 % des droits de vote, tandis que le Qatar détient 17 % des droits de vote.

Quelle est la situation de la gouvernance ?

Volkswagen a été critiqué par les investisseurs pour ses lacunes en matière de gouvernance, qui sont en partie liées à sa structure de propriété, qui donne à Porsche SE le contrôle effectif de l’entreprise même si elle ne détient pas la majorité de toutes les actions.

En outre, Oliver Blume est régulièrement critiqué pour être le PDG de Volkswagen et de Porsche AG, une société cotée séparément et dans laquelle Volkswagen détient 75,4 % du capital. Certains investisseurs affirment qu’une seule personne ne peut pas diriger deux grands constructeurs automobiles.

La décote qui en résulte a entraîné une sous-performance des actions Volkswagen par rapport au secteur au cours des cinq dernières années, l’incertitude entourant la succession des familles Porsche et Piech, dirigées par Wolfgang Porsche, 81 ans, et Hans Michel Piech, 82 ans, ajoutant à la méfiance des investisseurs. — Reuters



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