KIEV, 13 mai — La Russie a annoncé hier avoir capturé quatre autres villages dans la région ukrainienne de Kharkiv, alors que des milliers d’habitants ont été évacués de l’offensive dans une zone où les troupes russes ont été repoussées en 2022.
Le président Volodymyr Zelensky a déclaré que des « combats féroces » étaient en cours et le gouverneur Oleg Synegubov a déclaré que « toutes les zones » de la frontière régionale avec la Russie étaient désormais « sous le feu de l’ennemi presque 24 heures sur 24 ».
À Moscou, le président russe Vladimir Poutine a décidé de remplacer le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, ce qui constituerait un remaniement majeur de la direction militaire.
De l’autre côté de la frontière, dans la ville russe de Belgorod, les services d’urgence ont déclaré que huit personnes avaient été tuées lorsqu’un immeuble résidentiel avait été touché par un missile ukrainien après avoir été intercepté par les défenses aériennes.
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En Ukraine, les procureurs locaux ont déclaré que quatre civils avaient été tués dans la région de Kharkiv lors de l’offensive terrestre russe lancée vendredi.
Le commandant en chef de l’armée ukrainienne a déclaré que même si la situation était « compliquée », ses forces parvenaient à freiner toute nouvelle avancée russe.
Mais le ministère russe de la Défense a déclaré que ses forces avaient “avancé profondément dans les défenses ennemies”, un jour après avoir revendiqué la capture de cinq villages dans la région de Kharkiv.
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Sur un point d’évacuation près de la ligne de front dans la région de Kharkiv, des journalistes de l’AFP ont vu dimanche des groupes de personnes évacuées autour de la ville frontalière de Vovchansk, pour la plupart âgées et désorientées.
« Nous n’allions pas partir. La maison, c’est la maison”, a déclaré Lyuda Zelenskaya, 72 ans, en serrant dans ses bras un chat tremblant nommé Zhora.
Liuba Konovalova, 70 ans, a déclaré qu’elle avait enduré une nuit « vraiment terrifiante » avant son évacuation.
Des volontaires ont aidé les évacués jusqu’à quelques bancs en bois où ils se sont enregistrés et ont reçu de la nourriture avant d’être évacués vers Kharkiv, la capitale régionale.
Ces derniers jours, près de 6 000 habitants de Vovchansk et de ses environs ont été évacués, a déclaré le gouverneur de Kharkiv Synegubov.
« Des batailles défensives et des combats acharnés se poursuivent sur une grande partie de notre frontière », a déclaré Zelensky dans son discours du soir.
“Il y a des villages qui sont passés d’une ‘zone grise’ à une zone de combat, et l’occupant essaie de prendre pied dans certains d’entre eux, ou simplement de les utiliser pour progresser davantage”, a-t-il déclaré.
Une « zone grise » est un territoire qui n’est entièrement contrôlé par aucune des deux parties.
Zelensky a ajouté que la situation était « extrêmement difficile » autour de Vovchansk.
« Tout est détruit »
S’exprimant depuis un point d’évacuation près de Vovchansk, Oleksiy Kharkivsky, un officier supérieur de la police qui aide à coordonner les évacuations, a déclaré que la zone était « constamment sous le feu ».
« Tout dans la ville est détruit… On entend des explosions constantes, de l’artillerie, des mortiers. L’ennemi frappe la ville avec tout ce qu’il possède », a-t-il déclaré.
Les autorités estiment qu’il restait encore environ 500 civils à Vovchansk alors que les troupes russes se rapprochent.
Volodymyr Tymoshko, chef de la police de la région de Kharkiv, a déclaré que la ville était attaquée de trois côtés et que les troupes russes étaient à la périphérie.
“Malgré des combats actifs, la police continue actuellement d’évacuer les personnes qui vivent à environ 300 ou 500 mètres de la ligne de contact”, a-t-il déclaré à l’AFP au point d’évacuation.
Le commandant en chef ukrainien Oleksandr Syrsky a déclaré sur les réseaux sociaux que les défenses de son armée tenaient bon, mais a reconnu que la situation dans la région de Kharkiv s’était « considérablement détériorée ».
« Rendre l’initiative à l’Ukraine »
À Kharkiv même, le maire Igor Terekhov a été cité par le conseil municipal comme disant qu’il n’y avait aucune raison pour que les gens quittent la ville malgré l’offensive.
«Malgré tous les événements qui se déroulent dans la région, Kharkiv est calme. Nous ne voyons pas les gens partir », aurait-il déclaré.
Samedi, l’AFP a vu des groupes de personnes fuyant la zone frontalière arriver dans des camionnettes et des voitures chargées de sacs dans un centre d’accueil pour évacués près de Kharkiv.
Les évacués – pour la plupart des personnes âgées – ont reçu de la nourriture et une assistance médicale.
Zelensky a déclaré samedi que les troupes ukrainiennes menaient des contre-attaques dans les villages frontaliers.
« Perturber les plans offensifs russes est désormais notre tâche numéro un », a-t-il déclaré.
Les troupes doivent « rendre l’initiative à l’Ukraine », a insisté le président, appelant une nouvelle fois les alliés occidentaux à accélérer les livraisons d’armes.
Les responsables ukrainiens prévenaient depuis des semaines que Moscou pourrait tenter d’attaquer ses régions frontalières du nord-est, mettant ainsi à profit son avantage alors que l’Ukraine est aux prises avec des retards dans l’aide occidentale et une pénurie de main-d’œuvre.
L’annonce de Poutine selon laquelle Choïgou serait démis de ses fonctions de ministre de la Défense devrait être approuvée mardi par le Parlement russe.
Son remplaçant, Andrey Belousov, n’a aucune formation militaire. Il a été l’un des conseillers économiques les plus influents de Poutine au cours de la dernière décennie.
Shoigu a été nommé secrétaire du Conseil de sécurité, en remplacement de Nikolai Patrushev, allié de longue date de Poutine. -AFP