SINGAPOUR, 11 avril ― Le dollar s’est raffermi aujourd’hui après que des données d’inflation américaines plus élevées que prévu aient anéanti les attentes persistantes selon lesquelles la Fed commencerait son cycle de réduction des taux en juin, tandis que le yen languissait à ses niveaux observés pour la dernière fois au milieu de 1990.
La chute du yen vers un plus bas de 34 ans à 153,24 pour un dollar américain hier a ravivé les craintes d’une intervention alors que les autorités de Tokyo ont réitéré qu’elles n’excluraient aucune mesure pour faire face à des fluctuations excessives.
« Les récentes évolutions sont rapides. Nous aimerions réagir de manière appropriée aux mouvements excessifs, sans exclure aucune option », a déclaré Masato Kanda, le plus haut diplomate japonais chargé des changes.
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Le Japon est intervenu à trois reprises sur le marché des changes en 2022, alors que le yen glissait vers ce qui était alors son plus bas niveau en 32 ans, à 152 pour un dollar.
Aujourd’hui, le yen s’est renforcé de 0,20 pour cent à 152,88 pour un dollar, juste en dessous du niveau de 153,24 atteint hier après que des données ont montré que l’indice des prix à la consommation américain a augmenté de 0,4 pour cent sur une base mensuelle en mars, contre une augmentation de 0,3 pour cent attendue par les économistes interrogés par Reuters.
Kyle Rodda, analyste principal des marchés financiers chez Capital.com, s’attend à ce que les autorités de Tokyo continuent de parler avec fermeté et interviennent si la situation semble désordonnée.
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“Ce qui est très intéressant, c’est la façon dont la Banque du Japon va gérer cette situation (…) Nous pourrions assister à une plus grande politique belliciste à partir de maintenant et cela serait le catalyseur d’un redressement plus durable”, a déclaré Rodda.
Le gouverneur de la Banque du Japon, Kazuo Ueda, a déclaré hier que la banque centrale ne réagirait pas directement aux mouvements de change dans la définition de sa politique monétaire, écartant les spéculations du marché selon lesquelles la chute brutale du yen pourrait la forcer à relever les taux d’intérêt.
La banque centrale japonaise a mis fin le mois dernier à huit années de taux d’intérêt négatifs, mais le yen est depuis resté stable à près de 151 pour un dollar.
Les faibles taux japonais ont fait du yen la monnaie de financement de choix pour les opérations de portage depuis des années, dans lesquelles les traders empruntent généralement une devise à faible rendement pour ensuite vendre et investir le produit dans des actifs libellés dans une devise à rendement plus élevé.
Les paris de la Fed
Suite aux données sur l’inflation, les traders ont considérablement réduit leurs paris sur les réductions des taux d’intérêt cette année ainsi que sur le moment où la Réserve fédérale commencera son cycle d’assouplissement.
Ajoutant à ces doutes, le compte rendu de la réunion de mars de la Fed, publié hier, montre que les décideurs politiques étaient déjà déçus par les récents chiffres de l’inflation avant le dernier rapport.
Les marchés évaluent désormais à 18 % la probabilité que la Fed réduise ses taux en juin, contre 50 % avant les données de l’IPC, selon l’outil CME FedWatch, septembre s’avérant être le prochain point de départ des réductions de taux.
Les traders tablent également sur une réduction de 43 points de base cette année, bien inférieure aux 75 points de base d’assouplissement prévus par la banque centrale américaine. Au début de l’année, les traders tablaient sur une baisse de plus de 150 points de base en 2024.
Les dernières tendances de l’IPC sous-jacent vont dans la mauvaise direction pour que la Fed puisse gagner suffisamment de confiance dans l’inflation d’ici la réunion du FOMC de juin, selon Kevin Cummins, économiste en chef américain chez NatWest.
“Nous nous attendons désormais à ce que la première réduction (25 points de base) ait lieu lors de la réunion de septembre (au lieu de juin), suivie de deux réductions supplémentaires cette année.”
Le rapport sur l’inflation a conduit le Trésor américain à monter en flèche et à faire grimper l’indice du dollar, qui mesure le billet vert par rapport à six rivaux, de plus de 1 pour cent hier, pour atteindre un sommet proche de cinq mois de 105,30. L’indice était pour la dernière fois à 105,13 aujourd’hui.
Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a légèrement baissé à 4,554 pour cent pendant les heures asiatiques, se situant près du sommet sur cinq mois de 4,568 pour cent qu’il a touché hier.
L’euro était à 1,0744 $ US (5,08 RM), après avoir chuté de 1 pour cent hier avant la réunion de la Banque centrale européenne plus tard dans la journée. La BCE devrait maintenir ses taux d’intérêt, mais l’accent est mis sur les commentaires des responsables pour voir si juin sera le point de départ de réductions dans la région.
La livre sterling était à 1,2538 $ US, en hausse de 0,06 pour cent sur la journée. Le dollar australien a peu varié à 0,651 $ US, tandis que le dollar néo-zélandais a perdu 0,17 pour cent à 0,598 $ US. -Reuters