L’UE vote pour réduire la protection des loups, ce qui déclenche un débat sur les efforts de conservation


BRUXELLES, 26 septembre — Les États membres de l’Union européenne ont voté hier en faveur d’un abaissement du statut de protection des loups, une mesure décriée par les défenseurs de l’environnement qui ouvre la voie à un assouplissement des restrictions strictes en matière de chasse.

Les loups gris ont été pratiquement exterminés en Europe il y a un siècle, mais leur nombre a rebondi grâce aux efforts de conservation, déclenchant des hurlements de protestation de la part des agriculteurs en colère contre les pertes de bétail.

Les représentants des 27 États membres de l’UE ont soutenu une proposition visant à modifier une convention internationale sur la faune sauvage qui verrait l’espèce rétrograder de « strictement protégée » à « protégée ».

Seuls deux pays ont voté contre, selon une source diplomatique et la Commission européenne, qui a proposé le plan, a salué son approbation.

Steffi Lemke, ministre allemande de l’environnement, a déclaré qu’une population croissante de loups rendait cette décision « justifiable du point de vue de la conservation de la nature et nécessaire du point de vue des éleveurs ».

En 2023, on comptait des meutes reproductrices de loups gris dans 23 pays de l’Union européenne, avec une population totale estimée à environ 20 300 animaux, ce qui met ces créatures insaisissables en contact plus fréquent avec les humains.

En annonçant l’année dernière son intention de réviser le statut de protection, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré que « la concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un véritable danger, en particulier pour le bétail ».

Ursula von der Leyen elle-même a perdu son poney bien-aimé Dolly à cause d’un loup qui s’est introduit dans un enclos de la propriété rurale de sa famille en Allemagne il y a deux ans, ce qui a conduit certains à suggérer que l’affaire était devenue personnelle.

« Motivation politique »

Le loup est devenu une espèce « strictement protégée » en vertu de la Convention de Berne de 1979, dont l’UE est partie.

Le texte autorise la mise à mort ou la capture d’un animal uniquement lorsqu’il représente une menace pour le bétail, la santé ou la sécurité.

La proposition de la commission assouplirait ces règles en rétrogradant les loups au rang d’espèces « protégées », ce qui permettrait une chasse sous une réglementation stricte.

Cette année, les agriculteurs de toute l’Europe ont manifesté contre les règles environnementales de l’Union.

Le groupe paneuropéen d’agriculteurs Copa-Cogeca a salué « une avancée majeure dans la gestion des populations de loups et la coexistence harmonieuse » tandis que la Fédération européenne de chasse FACE l’a qualifié de « victoire » tous azimuts.

Mais les défenseurs des droits des animaux craignent que ce changement n’entraîne une chasse massive des loups.

Déjà en 2022, plusieurs régions autrichiennes ont autorisé l’abattage de loups, ce que les critiques considèrent comme une violation des lois européennes en vigueur.

Plus de 300 organisations environnementales et de protection des animaux se sont opposées à un déclassement du statut, arguant qu’il était prématuré car, même si la population a augmenté, sa reconstitution est en cours.

Dans une lettre, ils ont affirmé qu’il n’y avait aucune preuve que l’abattage réduisait la déprédation des animaux d’élevage. La chasse ne remplace pas d’autres mesures de prévention, comme les clôtures, ont-ils soutenu.

« Nous considérons cela comme une proposition motivée politiquement et pas du tout basée sur la science », a déclaré à l’AFP Sabien Leemans, responsable politique senior du groupe environnemental WWF.

Faible impact

Un rapport de l’UE de 2023 a révélé que l’impact global des loups sur le bétail était « très faible ». Seuls 0,065 % des 60 millions de moutons de l’Union étaient mutilés à mort chaque année et un peu plus de 18 millions d’euros (83 millions de RM) étaient versés chaque année pour compenser les dommages causés par les loups.

Le rapport indique que des chevaux, des chiens et d’autres animaux ont également été parfois tués, mais qu’aucune attaque mortelle de loup sur des personnes n’a été enregistrée en Europe au cours des 40 dernières années.

Le vote de mercredi, une fois formellement adopté par les ministres de l’environnement du bloc, donnera à l’UE un mandat pour faire pression en faveur d’un changement dans la Convention de Berne lors d’une réunion en décembre.

Une majorité des deux tiers est requise pour modifier le texte, signé par 50 pays, dont les 27 membres de l’UE.

Si la convention est modifiée, la Commission sera alors autorisée à modifier les règles européennes concernées.

« La décision d’aujourd’hui… permet aux communautés rurales de prendre les mesures nécessaires pour se protéger », a déclaré Herbert Dorfmann, député du Parti populaire européen (PPE), le groupe conservateur le plus important au Parlement européen.

Mais Leemans, du WWF, a averti que cela risquait d’ouvrir une « boîte de Pandore ». Certains pays font déjà pression pour assouplir les règles de chasse à l’ours brun, a-t-elle affirmé, une inquiétude que la commission a rejetée.

« Nous parlons du loup, et seulement du loup », a déclaré à la presse le porte-parole de la Commission, Adalbert Jahnz. — AFP



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