Protégez le prosciutto : la peste porcine menace l’industrie porcine italienne, qui pèse 20 milliards d’euros, et les agriculteurs exigent des mesures plus énergiques


ROME, 22 septembre — L’éleveur de porcs Alberto Cavagnini a abattu 1 600 de ses porcs en raison de la peste porcine, un virus qui menace l’industrie porcine de 20 milliards d’euros (93 milliards de RM) en Italie, y compris son célèbre prosciutto.

La maladie, mortelle pour les porcs et désastreuse pour l’économie, touche particulièrement les régions du nord de la Lombardie, du Piémont et de la Ligurie, et sa propagation effraie la France voisine.

L’Italie a enregistré des cas de virus chez un peu moins de 25 000 porcs dans 50 fermes et chez près de 2 500 sangliers, entre janvier 2022 et septembre de cette année, selon les chiffres officiels.

Cavagnini a de la chance: l’éleveur de Brescia, dans le nord de l’Italie, possède plusieurs fermes, ce qui amortit le choc de l’abattage, “mais beaucoup d’éleveurs n’ont qu’une seule ferme”, et perdent donc tout leur cheptel, explique-t-il à l’AFP.

Rien qu’en 2024, entre 50 000 et 60 000 porcs ont été abattus en Italie.

Des experts de l’UE ont critiqué la gestion de la crise par Rome après une visite dans le pays méditerranéen en juillet.

« La stratégie globale de contrôle de la maladie dans le nord de l’Italie doit être améliorée. Chaque région met en œuvre ses propres mesures, avec un minimum de coordination avec ses voisins », ont-ils déclaré dans un rapport.

Bruxelles a recommandé l’adoption d’une stratégie unique pour l’ensemble du nord de l’Italie et le gouvernement du Premier ministre Giorgia Meloni a nommé un commissaire spécial pour en définir les règles.

Les déplacements de porcs dans les zones infectées et avoisinantes sont interdits — sauf vers les abattoirs — tandis que l’accès aux élevages est limité au strict minimum.

“En ce moment (…) nous construisons des barrières” pour créer des zones limitant les déplacements des sangliers, a expliqué à l’AFP Francesco Feliziani, du Centre national de référence pour la peste porcine (CEREP).

« Très inquiet »

La France est en état d’alerte maximale dans les zones limitrophes du nord de l’Italie – notamment dans les Hautes-Alpes, les Alpes de Haute-Provence et les Alpes-Maritimes – depuis janvier 2022.

Et en juin, un groupe technique italo-français a été créé pour renforcer « la coopération transfrontalière pour une gestion plus efficace » de ce qui constitue « une menace majeure », selon le gouvernement français.

Les travailleurs du secteur porcin italien, qui génère un chiffre d’affaires annuel de 20 milliards d’euros et emploie 100.000 personnes, sont “très inquiets”, a déclaré à l’AFP Ettore Prandini, président de la plus grande association agricole italienne, Coldiretti.

Les exploitations italiennes comptent environ 10 millions de porcs et les pertes de revenus sont estimées à environ 25 millions d’euros, a déclaré l’éleveur Cavagnini.

Les agriculteurs concernés recevront une indemnisation de l’État, qui interviendra en moyenne deux ans plus tard.

Mais le virus affecte aussi des centaines d’éleveurs, qui ne peuvent pas transporter les porcs d’une ferme à l’autre, subissant des pertes de « centaines de millions » d’euros qui ne sont pas couvertes, a déclaré Cavagnini.

Le commissaire Giovanni Filippini a déclaré jeudi que le gouvernement avait « adopté toutes les mesures pour empêcher la transmission du virus » et qu’il « n’y a pas eu de nouveaux foyers ces derniers jours ».

Mais Prandini de Coldiretti a déclaré que les agriculteurs devraient recevoir une aide financière plus importante – comme un moratoire sur le remboursement des prêts – et a averti que le virus pourrait être freiné, mais pas disparu.

« Si nous ne parvenons pas à éradiquer totalement la présence de sangliers dans ces zones, le risque est que (…) la crise passe et revienne ensuite », a-t-il ajouté. — AFP



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